LES CONSEILS DU DOCTEUR NICOLAS




L'INTELLIGENCE A LA PORTEE DU CON

90 % des gens sont cons. Vous avez vos chances. Gardez-les mais ne les ruinez pas. Etre con est salutaire. Avoir l'air con est rhédibitoire. Soyez assez intelligents pour saisir la nuance.

Premier exercice : Comment ne plus avoir l'air con.
a) Le con parle pour ne rien dire. Ne dites rien. Vous ne direz rien
d'intelligent, mais ça vous empêchera de dire des conneries. Vous y gagnerez. Au lieu de dire : « Quel con ! », votre interlocuteur se dira: « Joue-t-il au con ? » C'est un premier point.
b) Si vous avez vraiment envie de parler, ne vous retenez pas. Dites vos conneries. Et concluez : « Bon, j'arrête de déconner ». Votre interlocuteur se dira : « Il joue au con ! ». C'est un deuxième point.

Deuxième exercice : Comment avoir l'air intelligent.
- Vous avez à votre disposition une série de mimiques qui donnent inévitablement l'air intelligent. Soyez assez cons pour les copier sans complexes.
a) L'Air entendu : repérez la personne intelligente. Si vous êtes dans un groupe de dix, il y a neuf cons, dont vous. La personne intelligente, c'est celle qui vous semble bizarre. Dès quelle dit quelque chose de bizarre, faites comme si vous compreniez. Même si vous n'y comprenez rien, les autres auront l'air plus cons que vous.
b) L'Air pénétrant : pensez très fort aux contraventions, aux impôts, à votre bagnole emboutie. N'en parlez surtout pas, ça ferait con. Mais pensez-y. Si vous êtes vraiment très con, ça ne vous donnera pas l'air intelligent. Mais l'air emmerdé fait toujours bien quand on ne donne pas ses raisons.
c) L'Air pénétré : même exercice que le précédent mais avec un compas
dans le cul. Avantage : donne une dimension souffreteuse.

- Vous avez aussi à votre disposition une série d'attitudes.
d) Le penseur de Rodin : asseyez-vous. Mettez votre poing fermé sous votre menton et regardez dans le vide. C'est radical. Même si vous ne pensez à rien (ce qui est normal pour un con), il se trouvera toujours un autre con pour vous dire « A quoi penses-tu ? ».
e) L'Air du type qui n'en pense pas moins :  on développe devant vous une théorie saisissante. Vous n'y comprenez rien. Reportez-vous au petit a) : l'air entendu . Pour corser, ayez l'air  non seulement de comprendre, mais d'avoir votre idée pas con là-dessus. Appliquez le petit b) : l'air pénétrant.
f) Le rictus de connivence : hochez un peu la tête de bas en haut. Appliquez l'air pénétré (le compas vous aide à crisper finement les maxillaires).

- Méfiez-vous des révélateurs involontaires de votre connerie !
g) Surveillez votre regard. Votre oeil vide et sans vie vous trahit. Par définition, vous êtes trop con pour avoir la pupille pétillante. Ne vous laissez pas abattre. Gardez l'oeil fixe.
h) Fermez bien votre bouche. Rien ne fait plus con qu'une bouche entr'ouverte. Maîtrisez-vous : ne mâchez plus de chewing-gum. Si vous êtes trop con pour exécuter en même temps les exercices oeil fixe - bouche close, utilisez le truc de la cigarette : tirez sur votre mégot et fixez la fumée.

Troisième exercice : Comment passer pour quelqu'un d'intelligent.
a) Ne perdez pas votre temps à lire des livres intelligents, à voir des films pensés... Vous n'y comprendrez rien et ça vous déprimerait. Lisez plutôt des critiques intelligentes. Apprenez-les par coeur et changez quelques mots.
Exemple : « Ce film a la beauté désertique d'une douleur sans fin » devient « Ce film a la beauté squelettique d'une couleur sans teint ». Vous ne plagiez pas vraiment et vous gagnez en hermétisme. L'hermétisme est le secret de ce troisième exercice. Quand vous dites des conneries, dites des conneries incompréhensibles. Les cons les prendront pour des finesses qu'ils ne comprennent pas et, double avantage, les gens intelligents se sentiront cons.
b) Ne faites jamais de citations. Ça fait très con. Appropriez-vous les carrément. Mais attention, ne faites pas le con ! N'utilisez pas des citations trop connues. Si un autre con vous dit : « C'est de toi ça ?», ne prenez pas l'air confus. Ne doutez pas de vous. Votre connerie native vous y aidera.

Voilà. Maintenant, vous passez à peu de frais pour quelqu'un d'intelligent. Méfiez-vous ! Des gens intelligents vont venir vous poser des questions intelligentes. Vous allez être con pour y répondre. Comment faire ? Renvoyez la balle : « Pourquoi me poses-tu cette question ? » Quand vous ne pouvez plus la renvoyer, affrontez l'adversaire. Utilisez les quelques célèbres formules qui répondront pour vous : par ordre chronologique :
- Tu vois ce que je veux dire... (la formule qui sauve)
- Il me semble que tu limites le problème... (l'autre a l'air con)
- Tu crois vraiment ce que tu dis (l'autre a l'air hypocrite) ?
- C'est tout ce que tu trouvez à dire, ben merde (l'autre a l'air   limité) !
- Tais-toi, tu m'atterres ( l'autre a l'air très con).
S'il se tait, vous avez gagné.

Ultime traquenard : la tentation de l'intelligence véritable. Attention ! Ne tombez pas dans ce panneau démoniaque ! Les gens intelligents sont malheureux. Ils ont compris qu'on était là pour vieillir et crever. Avant, il n'y a rien, après non plus, et pendant, on en chie. Comprendre, c'est perdre les avantages du con. C'est connaître le doute, la solitude, la marginalité odieuse, l'insomnie, l'angoisse, les battements de coeur, la souffrance. Et tout ça pour rien puisque vous serez toujours un con. Surtout, ne changez pas. Soyez assez intelligents pour rester cons. Et longue vie.




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